Le moteur XK a représenté l’âge d’or des voitures de sport Jaguar.

Pendant la guerre, le fondateur de Jaguar, William Lyons a commencé à prévoir son prochain défi pour l’après-guerre : une berline pouvant aller jusqu’à 160 km/h.

Le résultat fut le moteur XK. Lancé à Earls Court en 1948, ce fut sans doute l’événement le plus marquant de l’histoire de Jaguar. Au cours des 38 années suivantes, le moteur XK allait équiper cinq gagnantes des 24 heures du Mans, des berlines de prestige, des berlines compactes, les modèles XK plus tardifs, le Type E, les berlines haut de gamme des années 70 et 80, des véhicules militaires, des camions de pompiers et des bateaux à moteur surpuissants.

Le moteur XK fut d’abord utilisé pour équiper les voitures de sport XK120. Inspirée de la voiture de sport BMW 328, le succès de cette voiture, notamment en Amérique, fut une surprise pour Jaguar. Trois XK120 participèrent aux 24 heures du Mans de 1950. Deux d’entre elles finirent à la 12e et 15e place, et bien que la troisième abandonnât la course, elle s’était retrouvée en 3e position, ce qui réussit à convaincre William Lyons que : « placé dans une voiture plus adaptée à la course, le moteur XK peut gagner ».

La XK120 fut produite en voiture de route jusqu’en 1954, année où elle fut remplacée par la XK140, même s’il faut noter que cette dernière se vendit moins bien.

La voiture « mieux adaptée » à la course devait être plus rapide, plus légère, plus puissante que la XK120 avec une nouvelle carrosserie plus aérodynamique. Le résultat fut le Type C, conçu par William Heynes et Malcom Sayer. William Heynes modifia le châssis et la structure arrière, et introduisit un boîtier de direction à crémaillère. Le moteur de la XK120 fut aussi modifié. Malcolm Sayer avait pour instruction de concevoir une carrosserie plus efficace sur le plan aérodynamique que l’on identifierait toujours à la XK120. Aux 24 heures du Mans de 1953, les Types C arrivèrent en 1re, 2e et 4e position.

Pour essayer de réduire encore le poids de la voiture, William Heynes mit au point un nouveau modèle faisant appel à une technique de construction monocoque, où le châssis fait partie intégrante de la carrosserie. Le nouveau modèle créé était impressionnant, mais l’équipe avait la conviction que si la Jaguar devait conserver sa réussite aux 24 heures du Mans, on allait avoir besoin d’une voiture encore plus légère, d’un moteur encore plus puissant et d’une meilleure aérodynamique.

Le Type D fut conçu avec un cadre complètement nouveau, on apporta de petites modifications au moteur du Type C et sa carrosserie fut redessinée, cette fois-ci influencée par l’Alfa Romeo Disco Volante créée par Touring en 1952, et en appliquant la méthodologie mathématique unique de Malcom Sayer. Aux 24 heures du Mans de 1954, deux Types D abandonnèrent, et la troisième arriva en seconde position, deux minutes derrière la Ferrari.

Le Type D eut de bons résultats aux 24 heures du Mans entre 1955 et 1960. Depuis 1951, une Jaguar a remporté les 24 heures du Mans cinq fois : un record britannique uniquement égalé par Bentley dans les années 1920. Grâce à ces victoires, Jaguar devint une marque célèbre, notamment en Amérique. Malgré ces succès, les Types D en série ne se vendirent pas bien.

En 1955, Jaguar sortit une nouvelle voiture de taille moyenne, équipée d’un moteur XK de 2,4 l, la première Jaguar produite en masse. En 1960, la Jaguar Mark 2 améliorée fut produite, qui se vendit jusqu’en 1968.
Pendant l’année 1956, Jaguar arrêta la course avec le Type E. On commença à travailler au remplacement de la XK150 qui vit finalement le jour en mars 1961 : le Type E.
Le Type E était plus long que le Type D. Sa structure était toutefois basée sur le Type D, et elle possédait un moteur XK de 2,4 litres. On pense que le Type E avait été prévu au départ à la fois comme voiture en série et comme voiture de course.

Les rapports de l’époque confirment que « bien que sa forme basique évoquât sans aucun doute le style de Malcolm Sayer, le maître-designer, William Lyons, eut un rôle important dans la finalisation des détails importants ».

En 1958, le rédacteur de Motor Weekly eut l’occasion de faire un essai de la première Type E (connue sous le nom de E1A). Il en conclut : « … la nouvelle Jaguar est une championne en devenir… »
1960 : une version purement de compétition du Type E fut produite ; une voiture de course qui allait remplacer le Type D, sous le nom de E2A. Elle était plus grande que sa prédécesseure avec un nouveau système de suspensions arrière. Également équipée d’un moteur XK spécial 3 litres, l’E2A intégra les 24 heures du Mans de 1960 avec à son volant, Briggs Cunningham.

À la fin des années 1960, les ventes de la XK150 continuèrent de chuter et un nouveau modèle s’avéra de plus en plus urgent.

Au début des années 1960, la population urbaine était devenue plus jeune et son pouvoir d’achat avait augmenté. C’était l’époque où la musique, la mode et le design tenaient le haut du pavé. Les hommes et les femmes se ruaient dans Carnaby Street et King’s Road où les mini-jupes de Mary Quant se vendaient comme des petits pains. Le moment était venu d’accueillir une nouvelle voiture de sport sensationnelle et en 1961, le Type E fit son entrée au Salon de l’automobile de Genève : une voiture de course racée, visuellement époustouflante, vendue moitié moins cher que ses concurrentes.

La voiture fut présentée dans un restaurant, le Parc des Eaux-Vives, devant la presse mondiale éberluée…